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« A quel genre de monstres avons-nous affaire ? s’écria le secrétaire d’Etat Douglas Oates après avoir écouté le rapport du général Metcaf. Vingt et un meurtres. Et dans quel dessein ? Pour quel motif ? Le Président est-il mort ou vivant ? S’il s’agit bien d’un enlèvement, pourquoi n’avons-nous reçu aucune demande de rançon ? »
Metcalf, Dan Fawcett et le secrétaire de la Défense Jesse Simmons se tenaient silencieux devant son bureau.
« Nous ne pourrons plus continuer bien longtemps, poursuivit Oates. Les médias vont finir par avoir des soupçons et exiger une enquête. Ils commencent déjà à rouspéter parce que le Président n’accorde plus aucune interview.
— Pourquoi le Président ne rencontrerait-il pas la presse ? » suggéra Fawcett.
Le secrétaire d’Etat eut une moue dubitative.
« Cet acteur… comment s’appelle-t-il… Sutton ? Il ne s’en sortirait jamais.
— Pas sur une estrade illuminée par les projecteurs, mais dans un décor plus sombre à une distance d’une trentaine de mètres… je crois que ça devrait marcher.
— Vous pensez à quelque chose de précis ?
— On pourrait préparer une petite mise en scène destinée à rehausser l’image du Président. Ça se pratique couramment.
— Comme Carter jouant au base-ball ou Reagan coupant du bois, fit Oates pensivement. Je vois très bien un tableau champêtre dans le ranch du Président.
— Avec des poules et des moutons, se permit d’ajouter Fawcett.
— Et le vice-président ? Notre sosie ne tromperait personne à trente mètres.
— Quelques mots de Sutton à son propos et un geste amical du faux Margolin en arrière-plan devraient suffire », répondit Fawcett.
Simmons le dévisagea :
« Quand pouvez-vous être prêt ?
— Dès demain matin. A l’aube, plutôt. Les journalistes sont des oiseaux de nuit. Le lever du jour ne les trouve jamais au sommet de leur forme. »
Oates interrogea Metcalf et Simmons du regard :
« Eh bien, qu’en pensez-vous ?
— Il faut donner un os à ronger aux médias avant qu’ils ne deviennent trop curieux, répondit le secrétaire de la Défense. Je vote pour.
— Moi aussi, fit le général. Nous n’avons pas d’autre solution. »
Fawcett se leva et consulta sa montre :
« En partant maintenant pour la base d’Andrews, je devrais être au ranch d’ici quatre heures. J’aurai largement le temps de tout organiser et de faire publier un communiqué de presse. »
La main du secrétaire général de la Maison Blanche se crispa sur la poignée de la porte tandis que la voix de Douglas Oates claquait comme un coup de fouet :
« Ne ratez pas votre affaire, Dan. Pour l’amour du Ciel, faites attention. »